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Edito

Le doute

"La lumière baisse, temps propice pour réfléchir au doute !

On le craint, car il assaille, s’insinue et brûle le cœur de son sentiment d’inanité. Pourtant, il n’y a pas de travail artistique réel sans le doute. Il faut écouter ce qu’il a à dire. Souvent on en tire profit : si le cœur reste ferme, il fait face à la profondeur…

Mais attention à qui vous écoutez ! Il est urgent de distinguer le doute créateur du destructeur. Le doute créateur questionne notre travail, nous rend insatisfait, nous invite à approfondir, bref, il sert la lumière. Le destructeur nous écrase, nous coupe de nous-mêmes, condamne nos choix, nous fait nous sentir inutile, bref, il nous sort de notre axe.

On a « écouté les sirènes » qui sont actives autour de nous, on s’est laissé prendre à leurs visions néfastes. Elles investissent toujours la société quand celle-ci, par ses orientations, ses choix politiques, ses fausses urgences et priorités, son ignominie, son inhumanité même, finit par générer l’idée que l’art et la culture puissent être un luxe dérisoire.

L’artiste doit alors avoir une conscience aiguë du danger d’un monde qui croirait pouvoir se passer de l’art. Ce qu’il doit sauvegarder, c’est la valeur de l’art qu’il connait dans ses tripes. Par expérience, il sait que l’art porte un souffle, un esprit, une liberté qui revitalisent les valeurs et révèlent les consciences. Il sait qu’on ne vit pas bien sans art. Il a choisi ce métier comme on répond à un appel. Il ne doit jamais oublier ces valeurs inestimables. On compte sur lui pour rester ferme et transmettre, par les mots et la posture, ce qui lui est essentiel.

Quand le doute destructeur l’investit, il doit faire preuve de rigueur : on choisit ses amis. Le doute destructeur n’est pas un ami. On ne peut pas flirter avec lui, ni l’écouter comme on écoute l’utile. Il faut lui opposer une fermeté qui ne donne pas prise.

C’est pourquoi il est excellent de bien distinguer ces deux doutes et d’entretenir avec le doute formateur une relation suivie. Ainsi, on apprend à reconnaitre cette instance et intégrer ses remarques. L’autre, nous avons assez de contes qui mettent en scène la fermeté juste ne donnant pas prise au diable pour nous servir de modèle. Nous ne sommes pas démunis. Mais notre rigueur doit être d’une verticalité et d’une clarté sans concession.

Un repère : ce qui atteint le goût de vivre n’est pas dans l’axe de votre être. Une aide inestimable : se bâtir un espace de recherche, un vaisseau intérieur - car la démarche artistique est un voyage. Cet espace, empli de votre lumière et vos valeurs, devient une source de puissance.

Que la Lumière de l’art illumine vos fêtes ! »

Catherine Zarcate