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Edito janvier 2015

Le Big Bang du conte

« Bien commencer, bien lancer une soirée est essentiel. C’est comme un lâcher de pigeon voyageur, comme le pied du danseur qui prend franchement appui sur le sol avant de s’élancer, comme un lancer de balle qui atteint son but ou se perd : le début contient la fin.
Or quand on commence, ce n’est pas toujours évident de se sentir immédiatement libre de se déployer. Il faut installer la relation, établir la confiance, emporter les gens dans une certaine ambiance, créer un univers. Tout cela en quelques secondes et mots bien choisis.

Faudrait-il alors opter pour des débuts « léchés », impeccables, très « en place », sans prise de risque ? Mais cette technicité n’est pas convaincante. Ce qui est fixé devient vite figé. Faudrait-il encore se résoudre au balbutiement, à la maladresse garante du vivant ? Pourtant il est très difficile de rattraper un début raté, hésitant ou confus, alors qu’un début « bien envoyé » embarque immédiatement le public.

Le « sas d’installation », alors - comme ma présentation de la Tampoura ? Ou certains contes très courts, à l’énergie active ? Quant à moi j’en affectionne particulièrement deux qui balancent « gauche/droite » de manière très équilibrante. Lorsque je veux lancer une soirée dans la splendeur du juste milieu et qu’elle y reste, je commence par l’un des deux. J’ai alors le sentiment de surfer entre les cornes du Buffle, dans ce frétillement d’équilibre vibrant et vide - ou si vous préférez, sur la pointe du fléau de la balance.

Pour finir, quelle est la solution sans faille ? Je dirai : puisque le début contient la fin, cherchons le vrai début. Le début de soirée n’est qu’un début secondaire. C’est l’intention qui est le vrai début. C’est elle qui contient toute la soirée. C’est elle qui fait que les gens reçoivent vraiment ce qui est offert. Notre univers n’était-il pas tout entier contenu dans ses prémisses, avant de se déployer en expansion ? C’est le Big Bang du conte !...

Allez, que votre année soit un ciel étoilé !  »

Catherine Zarcate