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01.Edito Mars 2014

Simple comme bonjour

De même qu’on nomme l’acteur du théâtre No « celui qui ne revient pas » - car il ne revient jamais saluer -, on pourrait nommer le conteur « celui qui dit bonjour » car il est un « je » présent qui parle. Cette adresse directe au public appartient fondamentalement au genre. Que le conteur soit accompagné ou non, qu’il évolue sur scène peu ou beaucoup, qu’il dise son texte par cœur ou non, tant qu’il ne perd pas ce type d’ adresse - ou son esprit, il reste conteur. Cela, tout le monde le sait.

Mais a-t-on assez mis en valeur combien il peut être miraculeux de parler tout droit à quelqu’un, à des gens – à beaucoup de gens - et être écouté, compris et reçu ? Parfois, dans la vie de tous les jours, les liens entre les êtres sont complexes, suivent des parcours heurtés semés d’obstacles et d’incompréhensions qui empêchent la communication, entrainant la déception, voire le désespoir. Et voilà qu’en cet art quelque chose va tout droit et est reçu tout droit. Que la parole du conteur vienne du cœur ou du clin d’œil, quand « ça marche », on est tous heureux, autant le conteur que le public. Je dis bien heureux.

C’est le cadeau du genre Conte qui, par son essence, traverse ces zones de turbulence de nos vies quotidiennes en un raccourci fulgurant pour aller se poser profond dans l’autre. Parfois, des enfants inconnus viennent nous présenter leur doudou, leur ours, comme s’ils nous connaissaient depuis longtemps. L’être humain fait confiance à un conte bien plus qu’à un discours et s’ouvre pour le recevoir. Cette communication d’être à être, « simple comme bonjour » est un trésor, une perle d’amour dans nos vies. Je ressens une immense gratitude pour ce qui m’est offert ainsi.

Catherine Zarcate