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Paroles de Partout, Thierry GAUCHET

Cie de Conteurs

10 rue du 8 mai - 44640 - Le Pellerin

Tel : 02 40 65 67 17

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LES ATELIERS DE LA PAROLE

Quand des adultes autistes s’emparent de la parole...

Article publié dans la revue « La Parole » suite à un travail mené sur trois ans par Marc Buléon (conteur) avec un groupe d’adultes de la section adapté du CAT de Sésame Autisme au Pellerin (44).

L’angoisse, le délire, la logorrhée, le mutisme... Il y a cent façons de se protéger du monde, de s’enfermer.
Raconter à des personnes autistes, c’est faire le pari de tenir la peur à distance, pour un temps, un instant parfois. Ce temps-là est celui de tous les possibles : un visage qui s’apaise, un rire qui fuse, une main qui se calme...
C’est le temps d’un monde qui s’ouvre, différent du réel, régi par d’autres lois.
- C’est une histoire, Marc ?
- Oui, Laure, c’est une histoire.
- C’est une histoire ! C’est pas en vrai ?!
- Non, ce n’est pas en vrai, Laure, c’est une histoire.

Mois après mois, raconter, parler, échanger, rassurer, apprivoiser. Rebondir, être à l’écoute, saisir au vol un mot, un grognement, un sourire. Tout raconter, sans censure, mais veiller à ce que jamais ne puissent être confondus le réel et l’imaginaire.

C’est un temps où l’on peut parler de la mort, de l’amour, de la peur sans se rendre compte que l’on parle de sa mort, de ses amours et de ses peurs.

Une année entière, des dizaines d’histoires et parmi celles-ci, une qui revient souvent. Il y est question d’un idiot qui tue un serpent et qui réussit là où les autres échouent. A chaque fois, après l’histoire :

- C’est une histoire, Marc !
- Oui, Laure, c’est une histoire.

Comme s’il fallait définitivement s’assurer que l’on pouvait croire en sa chance sans être déçu ou nommer la mort sans la voir rôder alentours.
Et un jour :

- Je veux raconter une histoire, Marc !
- Quelle histoire, Laure ?
- L’histoire du serpent... A la fin, il est mort !
- ...
- C’est une histoire ?!

Mi question, mi affirmation. C’est sans doute une histoire mais un idiot est un idiot et la mort est la mort ; Laure se méfie, elle se protège. Mais elle y va quand même. Elle entrouvre une porte, une des nombreuses portes qui l’enferment. Elle l’ouvre en grand, elle rentre dans l’histoire du serpent et elle s’en amuse.
A ce moment-là, et pour le temps de l’histoire, Laure n’a plus peur.

Deux mois plus tard, Laure racontera devant un public ; autre bataille, autre victoire.

2 Actualités publiées

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