CONTER UN RÉCIT D’UNE AUTRE CULTURE : "Les conteurs sont des voyageurs immobiles qui osent vous entrainer dans des contrées parfois très lointaines. Pourtant vous "voyez" le tigre à l’affut, les étendues désertiques ou la jeune fille délicate. Comment cela se peut-il ? A) L’implicite Voici ce qui passe sans besoin de mettre des mots dans un conte inscrit dans sa culture et donc lorsque le conteur dit un conte de sa propre culture : B) Rendre explicite pour soi L’ossature, la structure d’un récit est souvent universelle. Mais c’est l’os, le squelette. Tout le reste, tout ce qui le rend humain, n’est pas autant universel et s’inscrit dans la culture, dans tous ces contextes dont je viens de parler. Si le conteur veut transposer chez lui ce conte qui vient d’ailleurs, il doit faire un travail pour transposer le plan symbolique, sinon sa transposition ne marchera pas et le public – même s’il n’est pas connaisseur- ressentira qu’il y a des incohérences. Lors du travail d’imprégnation, le cinéma est d’une aide considérable pour l’acquisition des paysages et des sensibilités, des gestes des gens, du non-dit. Voir films de kung fu avec les héroïnes qui sont aussi fortes que les hommes mais luttent à leur manière (Raining in the Mountain de King Hu par exemple). La fin de l’imprégnation : c’est quand on peut improviser son dire sans faire d’erreur de culture tant le contexte est clarifié. Il s’agit donc pour le conteur d’éveiller sa sensibilité à une autre manière de percevoir le monde. Sans pour autant perdre la sienne, il cultive une sensibilité nouvelle. C’est pour le conteur une occasion de s’enrichir aussi importante qu’un long voyage dans le pays. En tous cas elle le prépare bien ! Le repère d’or est : une personne de cette culture, présente dans le public, se sent-elle respectée par mon récit ? C) « Traduire » le conte pour le public Le repérage des choses incomprises est essentiel. Car c’est en se souvenant de ce qu’il n’a pas compris lui-même lors de sa première approche du conte et a dû approfondir que le conteur va pouvoir ajouter ce qui est nécessaire à la compréhension immédiate du récit par le public lorsqu’il le conte. On repère ce qu’on peut faire passer par sa propre sensibilité, sa présence : images, gestuelle précise (sans caricature).
L’idéal étant bien entendu de réduire au maximum les explications, sinon le conteur se transforme en conférencier. Difficultés :
D) Limites Le fait d’être conscient qu’on veut faire passer tel ou tel élément aide beaucoup. C’est notre implicite à nous, conteurs. Malgré tout notre travail de fond, il faut rester humble : on « n’est pas né dans ces symboles », on reste « autodidacte ». Malgré cette limitation, on reste un élément important pour ouvrir la curiosité ou l’intérêt à la culture de l’autre, parfois le meilleur intermédiaire possible, et donc en cela le conteur contribue à la paix entre les hommes. Car si on ne connait pas totalement bien la culture qu’on veut faire passer, on comprend bien les gens qu’on a face. Et ça c’est bien important ! (conte de l’ethno et la tv village amérindien). |
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