Le Bonheur de Conter

"Comment faire quand le bonheur de conter se fait trop rare ? Je me souviens que quand j’avais commencé, il y a de cela 35 ans, j’avais conté dans la rue, me disant que si gagnais de quoi manger ainsi, je pourrais me lancer dans ce métier, car je serais toujours à l’abri du besoin. J’étais partie dans les montagnes avec mon camping car et, le résultat ayant été positif, j’avais changé de vie.

Aujourd’hui, en ces temps difficiles où les budgets sont si serrés, où les festivals disparaissent, où les choix des organisateurs sont dépendants d’une salle à remplir, nous faut-il inventer de nouvelles manières de rencontrer les publics qui doubleraient le réseau officiel ? Je rêve de stratégies collectives et subversives, ou au moins parallèles !

Y aurait-il un réseau « Colibri » du conte ? La culture de la terre ne passe-t-elle pas par l’amour des Cultures de la Terre ? La transformation des mentalités, la décroissance, tout cela ne concerne-t-il que la relation au sillon, aux industries et aux consommations ? Pratiquer notre art, oser la qualité, oser la profondeur et l’enracinement de la culture, est indispensable à la dignité humaine.

Il est temps de s’associer aux publics pour leur offrir l’originalité, la qualité, l’esprit de recherche, le goût de la découverte de raretés, dont beaucoup ont soif et qu’ils ne trouvent plus toujours dans les propositions officielles très formatées.

Mais cela, il ne faut pas le faire « en catimini ». Il faut le faire ensemble, comme une vague, une immense montée d’espoir, un refus, aussi, de se laisser écraser par l’uniformité ambiante, une force de vie, qui viendrait partager le bonheur. Le bonheur de conter a comme pendant le bonheur d’écouter. Le bonheur de chercher a comme pendant le bonheur de découvrir.

Je vous invite à y rêver en commun, car tout commence par un rêve !"

Catherine Zarcate