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EDITO

Faire de notre vie un terreau

« J’ai profité des fêtes pour voir enfin quelques épisodes de la fameuse saga, succès cinématographique mondial. Habituée des cultures du monde, j’ai bien entendu reconnu les emprunts : la matière ancienne habite partout sous l’apparente nouveauté.

On sait que Georges Lucas a hautement profité des travaux de Joseph Campbell - dont on s’arrache les livres actuellement, ce qui est une bonne nouvelle ! Pour faire vite, Le Héros aux Mille et un Visages est aux mythes ce que La Morphologie de Propp est aux contes...

Ce qu’on sait moins, c’est que la pensée de ce savant était habitée par la philosophie indienne du Vedanta, qui a inspiré toute son œuvre. Soyez heureux, vous n’aurez pas besoin de vous pencher sur la vénérable sagesse : elle est résumée en deux phrases percutantes dans le film et a fait fortune sous sa jeune et délicieuse simplification : La Force !

Heureusement, l’Inde éternelle aime beaucoup le cinéma ! C’est donc avec une souriante bonté et une brillance amusée dans l’œil que la sagesse suprême indienne, telle une Mère Divine, a accueilli son nouveau look.

Me voyant inquiète, Elle m’a chuchoté que ce léger renouveau pourrait créer un appel dans les cœurs de ceux qui ne La connaissait pas ; que l’Unité spirituelle était un baume pour nos temps difficiles et qu’elle était heureuse que ce principe touche tant de monde. Elle a murmuré que peut-être même était-ce cela la cause réelle du succès de ce film...

Elle m’a encouragée à en parler et rappeler qu’il y a deux sortes de création : celle qui travaille par décomposition/recomposition du connu et celle qui vient du vide, associé au rien vouloir. Mais pour atteindre cette dernière, il faut beaucoup vivre… Car nos créations se nourrissent de la terre que nous sommes. Et être artiste, c’est faire de notre vie un terreau.

« Ainsi ! - m’a t’Elle suggéré - : se promener en toutes saisons ; recevoir les sentiments des paysages et des visages ; s’étonner de la douceur inattendue d’une écorce ou d’une roche ; entendre les harmoniques claironnantes d’une rivière sur le granit ; se taire dans la brume d’une charmille où se devine la présence sautillante d’elfes invisibles ; déjeuner au sec sous le couvert des pins alors qu’il pleut sur le chemin ; être bouleversé de la tendresse d’une main qui caresse une joue… »

Quand sa présence s’est dissipée, j’ai su que cette douceur était exactement les vœux que je voulais vous offrir, pour 2016 !… »

Catherine Zarcate