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EDITO

Le Merveilleux de notre vie

« Dans la complexité de notre monde, le Merveilleux reste un fil à suivre. Au cœur même du brouhaha de nos vies, ses trouvailles poétiques nous ouvrent au silence. On reste coi, à mille milles de toute récupération logique possible.

C’est le héros de l’Ousititi, qui se cache dans l’œuf qui est dans le nid du corbeau. C’est ce paysan qui soulève une pierre et il en sort un Souffle qui exige une de ses filles en mariage. Le génie du conte est de ne pas décrire la bête ainsi nommée, mais qu’elle soit bien une bête.

Ces images sont des trésors de l’humanité. On pourrait dédier un musée au Merveilleux, mais il le faudrait vivant avec des parcours, des pièges, des chemins qui peut-être seraient initiatiques - ou pas ; et emprunteraient plus au jardin anglais qu’au labyrinthe… Mais non ! Le risque serait trop grand de transformer le visiteur en Indiana Jones et les splendeurs du conte en rigolades et objets dérivés. Le Merveilleux n’y serait déjà plus.

Si on faisait une Maison du Merveilleux, le grenier en serait surdimensionné et la cave dangereuse… Non, le mieux reste d’apprendre à le deviner là où il est invisible. Bien-sûr, on éviterait de résoudre son mystère trop vite. Il faudrait un sens qui se laisse attendre ou même ne se connaitrait jamais !

Repérer, du Merveilleux, ses routes secrètes, suivre ses voies, là où elles font de nos vies une musique, où nos pas jouent sur les touches d’un piano céleste, résonnant avec d’autres, ailleurs, qui en complètent la mélodie. Bien sûr, il faudrait entendre la symphonie entière et voir comment notre vie y a contribué. Mais cela, sans mourir. Car bien-sûr quand on meurt, cette musique nous est révélée.

Le Merveilleux de notre vie, tel des traces de pas dans les feuilles mouillées qui font choui choui, laisserait entendre le chant d’oiseau de notre âme, et comment il a chanté pour les autres en secret et comment il a reçu l’amour que d’autres ont envoyé ainsi, et comment tous ces chants là ont fait un faisceau, une botte liée d’amour entre ciel et terre, par des gens qui ne savent même pas qu’ils se co-chantent et s’aiment... à leur insu… »

Catherine Zarcate