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Edito

Le féminin dans les contes 1 : la belle

« J’aimerais, une bonne fois pour toutes, tordre le cou au cliché de la « princesse qui ne doit plus être belle, car maintenant, à notre époque…etc. ».

En réalité, le conte nous propose depuis toujours une infinité de figures féminines. Les contes du monde entier, dans lesquels nous avons la chance de pouvoir puiser aujourd’hui, contiennent des nuances très fines. Certaines héroïnes sont magnifiques, d’autres inquiétantes, émouvantes, agaçantes voire torrides. De la douce princesse à la sorcière terrifiante, le choix traverse un monde.

Selon son humeur une conteuse trouvera donc toujours des personnages pour exprimer avec précision les multiples facettes de sa féminité. Le choix est immense et sans doute plus vaste que dans le répertoire du roman. Parfois certes, il faut changer de pays pour trouver ce qu’on cherche, c’est vrai. Car certains pays cultivent un féminin vraiment très différent du notre. La diversité culturelle devient alors l’amie et l’alliée de la femme qui cherche à affiner sa parole au plus près de sa sincérité, tant vis-à-vis d’elle-même que de son public.

C’est incroyablement riche et je dirais même guérisseur ! Combien de femmes sont prisonnières de schémas sociaux collectifs qui appartiennent à leur culture et les rendent malheureuses ! Par le conte, elles trouvent des modèles pour réagir, faire, penser, vivre, dire et être autrement. Pour certaines cela correspond à un véritable chemin de libération.

Quant aux belles princesses des « contes de fées », fondre sur elles et stigmatiser le cliché pour disqualifier le genre, c’est faire preuve d’ignorance. Ces figures du merveilleux représentent un plan intérieur très élevé, de même que « le vieil homme » représente parfois le Soi. La laideur, sur ce plan symbolique, serait celle de la psyché elle-même. La complexité du sujet est merveilleusement traité dans la Belle et la Bête et ses déclinaisons. Tout le monde a bien compris que ce conte parle de la profondeur humaine. Cocteau en a fait une merveille, par sa poésie. C’est rare, une telle réussite du merveilleux, au cinéma. En tous cas, on peut s’en servir pour faire mieux comprendre à tous l’importance que la belle soit belle !… Car sinon où se tiendrait la laideur ?... »

Catherine Zarcate