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Edito

Pensées sur l’art, extraites de l’Atelier des Lents.

« Voici quelques paroles méditatives, issues des réflexions qui naissent à l’Atelier des Lents.

Questionner le vide est une démarche artistique.

Quand l’être intime ne s’exprime pas, il n’y a pas d’art.
Ce lieu intime, intérieur, concerné par l’art, est celui qui a généré le choix d’engager notre vie en tant que professionnel. Ce noyau a besoin de s’exprimer dans nos œuvres. Il se tient au centre, comme le jaune de l’œuf, protégé par une forme. De l’intérieur, il garantit la vie et transparait dans la forme, l’éclairant et la fertilisant.
Bien que j’aie donné cette image de l’œuf, aucune image ne peut contenir la finesse de l’acte artistique.

Dans tout acte artistique il y a nécessairement la pensée de l’autre : on cherche à aboutir une forme jusqu’à ce qu’elle soit « bonne pour l’autre ». Sans cette destination, il n’y a pas d’art, et le travail de fond reste du développement personnel. Tant qu’il y a de la décharge, cela indique simplement qu’on n’a pas encore trouvé cette forme bonne pour l’autre.

Le juge ne menace pas ce lieu intime car il ne naît qu’en lien avec le désir de plaire et/ou en réaction à la recherche de résultat. Ces zones là sont plus superficielles.

Se fonder
Il arrive qu’on doive retourner plusieurs fois sur ce lieu intérieur de notre fondation en tant qu’artiste professionnel pour s’y refonder, reprendre un élan, relancer une impulsion pour le cycle suivant. Ce lieu est si vivant qu’il génère tous nos choix successifs.

La légitimité
Qu’est-ce qui légitime un conteur pour dire tel conte ?
Le sang, bien sûr. Mais doit-on s’y restreindre et ne dire que les récits issus de notre communauté de naissance ? Ce serait bien triste ! Personnellement, je vise d’autres légitimations, tout en reconnaissant la force de vérité indéniable du corps.
L’affinité légitime une œuvre lorsqu’elle est associée à un travail approfondi.
Enfin, ce qui nous légitime le mieux - et apaise d’ailleurs le questionnement - c’est lorsqu’on réussit à établir cette connexion entre l’être intime et le récit. Un sentiment d’unité subtile s’en dégage. On a le sentiment de s’exprimer vraiment et, en même temps, la matière du récit est extrêmement bien servie. C’est pourquoi il est si important de chercher à parler avec ce qu’on est au plus profond de soi. »

Catherine Zarcate