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Edito

Le symbole est antérieur à l’histoire

« Le symbole est antérieur à l’histoire. Il ne se trouve pas dans l’histoire. C’est l’esprit qui parfois l’organise en le liant à d’autres et ainsi nait l’histoire.

Pour étudier les symboles, il ne sert donc pas à grand-chose de lire beaucoup d’histoires où se tient tel symbole précis. Ce n’est pas ainsi qu’on travaille les symboles. Ce ne sont pas les histoires qui disent ce que veulent dire les symboles. C’est le contraire…

Les symboles créent des liens, c’est leur nature. Quand vous lisez des histoires pour documenter un symbole, il ne faut donc pas vous attacher aux péripéties, mais chercher plutôt comment le symbole se relie, résonne, tisse des liens, « appelle » d’autres symboles, dans le contexte de l’histoire, puis d’une histoire à l’autre, et ainsi en cercles de plus en plus larges. C’est plus une méditation qu’une étude avec tableau, hein !

Les symboles s’adressent au ressenti, à la poésie, à l’intuition. La pensée cartésienne reste à la porte de leur domaine. Il faut donc garder un « esprit flottant », disponible, à l’écoute, vif à saisir les liens. On devine alors un réseau aux mailles lâches qui flotte et se déploie, en plus que 3D. Ce maillage est vivant – relié à nous -, et indéterminé - un symbole peut prendre en charge des millions de sens.

Pourtant attention, les symboles ne sont pas flous ! On ne peut pas leur faire dire ce qu’on veut, loin de là ! Ils sont, eux aussi, une structure forte. Leur maillage est invisible, certes, mais très solide et organisé ! Ils sont fondés sur la réalité, la nature, la beauté du monde, la complexité du vivant, et s’élancent vers l’au-delà du mental. C’est pourquoi les aborder avec un esprit poétique est un bon accès. C’est par les symboles qu’on réactualise une histoire : en les faisant vibrer dans nos vies, ET en évitant absolument cette manie malsaine de les utiliser pour « faire passer des messages ».

Une histoire, c’est donc une machine d’une folle complexité qui met tous ces contenus en interaction et en mouvement. En écrivant ceci, j’ai l’impression de toucher à quelque chose d’atomique… Mais disons que cela ressemble plutôt à une ruche : les symboles bourdonnent, s’appellent, communiquent, s’unissent. Et chaque abeille–symbole porte la mémoire de là où elle est allée ! Et danse !

C’est cette danse des symboles, porteuse des informations sur les ailleurs, qui crée la puissance de l’histoire. Et au moment de conter, plus notre axe est ferme, plus ils dansent ! Mais ce n’est pas nous qui les agissons. Les symboles ne se laissent pas saisir ! Il faut accepter d’être comme le petit enfant au jardin qui court après l’oiseau : éternellement poursuivant… et bredouille ! »

Catherine Zarcate

Catherine Zarcate