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Edito

Le parfum subtil de l’Adresse du conteur

« Pour toucher les auditeurs il faut être au-delà de soi-même, d’une manière ou d’une autre, en restant pourtant en lien avec ce que nous sommes et ce qui nous fonde. C’est un équilibre, qui impliquera que l’autre se sente inclus dans ce qu’on lui dit, et ne fasse pas uniquement que recevoir un témoignage dont il n’a pas part. L’artiste ne travaille jamais uniquement pour lui-même.

Mais alors, qu’est-ce donc qu’une parole qui inclut l’autre ? Et comment la trouver, l’exprimer, la recevoir, même ? Cet échange, où donc le puisons-nous, en amont du spectacle, quand les auditeurs ne sont pas là ? Où allons-nous chercher cette source ? A partir de quelle conscience puis-je inclure mon prochain ?

Ces questions fondent l’adresse du conteur. On peut donc affirmer que l’adresse n’est pas une technique qui passe à travers le regard ou quelques mots d’accroche au moment de conter, mais bien une conscience qui oriente une intention, très en amont du travail.

Cette adresse nous relie. On peut dire qu’elle est toujours là. Elle mobilise. Elle est à la fois l’élan du cœur vers l’autre, et l’impulsion fondamentale qui nous pousse à choisir nos contes, monter sur scène et parler.

J’aime l’idée qu’il existe au fond de soi cet élan essentiel vers l’autre et que nos paroles en soient les ambassadrices. Je les vois alors surgir et disparaitre tour à tour comme dans la scène des porteuses du Graal, laissant derrière elles le parfum subtil d’une humanité qui cherche à partager un trésor secret. »

Catherine Zarcate