Quelles histoires raconter aujourd’hui ? raconter avec quels mots ? Le conte est là aujourd’hui parce qu’avant nous, les conteurs ont raconté sans se poser la question de savoir s’ils étaient "contemporains". Ils ont été fidèles, c’est à dire qu’ils ont repris, modifié, actualisé, oublié et ré-inventé ces histoires pour leur communauté.
Présentation
Quel peut bien être le sens du mot « contemporain » appliqué à un art aussi ancien que le conte ? A priori, nous racontons aujourd’hui, nous sommes donc contemporains. Alors que cherchons-nous à délimiter quand nous le précisons ?
Nous racontons, et nous défendons l’idée que le monde a besoin de nos récits, que notre répertoire, quel qu’il soit, doit être porté aux oreilles de tous. Mais pour quoi au juste ? Qu’attendons-nous de cette rencontre ?
Le mot « contemporain » se cache peut-être ici : dans l’idée d’un partage brut, sensible, irréductible au seul contenu, de ce qui pourrait faire exister une communauté éphémère entre nous. Cette communauté serait basée sur la très grande toute petite humanité de tous les jours, celle d’ici et d’aujourd’hui, avec ses rêves et ses errances propres, et sur l’entière présence de chacun de ses membres, un engagement sans limites à être là pour soi et pour tous. Quelle place le conteur peut-il prendre pour tenter d’être à la hauteur d’un tel enjeu ?
A partir du répertoire de chacun, et de façon la plus globale possible, nous tenterons d’explorer la mise en jeu de la singularité :
– dans la recherche : quel répertoire pour venir au plus près de moi-même et de celui qui m’écoute ?
– dans la composition : quel scénario dans l’idée du partage d’une émotion ?
– dans l’écriture : quelle place pour le « je » ?
– au plateau : quelle juste distance pour quel combat, pour quel apaisement ?
François GODARD
François Godard est attiré très jeune par les mythes et les épopées. Il travaille notamment sur le répertoire celtique et les 1001 Nuits, avant de se voir commander la création de l’Épopée de Gilgamesh, montée sous le titre l’Homme d’Argile avec une équipe artistique de 15 personnes, conteurs, musiciens, danseurs, comédienne et plasticiens. Son goût prononcé pour le travail collectif et pluridisciplinaire, son obstination à explorer les possibilités de raconter la même histoire avec ces deux langages différents que sont le conte et la musique, le conduisent petit à petit à considérer le conte comme un art de vivre plus que comme un répertoire, une présence engagée quel que soit le contenu.