Le Regroupement du conte au Québec (RCQ) lance sa deuxième résidence de création au cœur de Saint-Élie-de-Caxton. Au cours du mois d’avril, le conteur Yves Robitaille profitera de l’espace de création pour finaliser sa Suite troyenne : projet d’une série de cinq Spectacles sur la Guerre de Troie, débouchant sur près de dix heures de performance. Une première dans le domaine du conte au Québec.

Au Québec, Yves Robitaille est l’un des rares conteurs qui abordent les mythes et récits reliés à la Guerre de Troie. « Tenter de transmettre un panorama de cette grande épopée sur près de dix heures de conte, à l’ère de la rapidité et du punch-seconde, est en soi une prise de position sur la transmission de récits, car c’est un art qui demande du temps », souligne Nicolas Rochette, directeur général du RCQ.

Le défi du conteur
Si le projet de série (cinq épisodes de 90 minutes) est d’abord un exercice de style pour le conteur, il représente aussi le défi de tenir le souffle durant cinq représentations. La résidence de création lui permettra de travailler spécifiquement sur sa performance, avec l’aide de collaborateurs au scénario et à la mise en scène (Fanny Gagnon, Éric Gauthier, Alexis Roy). La montée d’adrénaline est bien réelle pour Yves Robitaille, car au sortir de son mois de résidence, il livrera sa Suite troyenne à l’auditoire du Gainzbar (Montréal), dans le cadre des cinq Dimanches du conte du mois de mai.

Des hommes et des dieux
De l’origine de la guerre à l’Odysée, l’épopée de Troie est une histoire que l’on connaît peut-être de renom sans réellement la connaître. Certains référents résonnent toutefois encore aujourd’hui dans la culture occidentale. Le cheval de Troie, le talon d’Achille et le chant des sirènes sont des lieux communs actuels, tirés de ces grands récits épiques qui parlent de la condition humaine, dans un monde païen et polythéiste où les dieux sont eux-mêmes soumis à la mécanique du destin…

La résidence de création : un partenariat au service du statut du conteur « artiste »
Avec le soutien réaffirmé de ses deux partenaires majeurs, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le conteur Fred Pellerin qui se dit « heureux de fournir le nid pour la couvée », l’organisme dispose des fondations nécessaires pour voir à long terme et développer un projet qui répondra encore mieux aux besoins des conteurs.

Rappelons que le milieu du conte au Québec est encore très jeune et que les services pour ses créateurs commencent tout juste à se mettre en place. La reprise du projet de résidence de création permettra d’améliorer cette nouvelle ressource développée par le RCQ et de contribuer à la reconnaissance du statut d’artiste des conteurs, une question prioritaire pour l’organisme.

La communauté de Saint-Élie-de-Caxton profitera de cette expérience à travers l’implication du conteur dans des activités publiques régionales. Ce dernier lance d’ailleurs son mois de résidence en présentant son dernier Spectacle, Kwaïdan (contes fantastiques du Japon), au Rond Coin, ce soir.

En rappel
Le RCQ a lancé la résidence de création en 2014, comme une démarche artistique stimulant l’acte de création, l’innovation, ainsi que l’émergence de paroles fortes qui mettent en valeur la vitalité du conte dans l’actualité culturelle québécoise. Cette année encore, le projet faisait appel aux conteurs professionnels du Québec travaillant sur un Spectacle. Les propositions pouvaient couvrir n’importe quelle étape du processus de création, de l’écriture à la mise en scène.