Extrait de l’entretien avec Isabelle POZZI :
Conter est-ce explorer les sentiments, les émotions, retrouver un peu plus d’humanité ?
Résolument, oui ! Le récit est bien peu de chose sans le sentiment qui le porte. Ce sentiment existe bien sûr à l’écrit, c’est la traduction de la sensibilité de l’auteur. Le travail du conteur, devant un texte écrit, est de s’approprier l’essence du propos, trouver son propre message à travers ce récit particulier. Les niveaux de lectures et les interprétations peuvent être infinis. Chacun y met ce qu’il est. C’est ce paramètre d’humanité qui fait que mes contes sont les miens quand bien même ils seraient contés par des centaines d’autres conteurs... ils ne le seraient jamais à ma façon. C’est un aspect de l’infini richesse du conte : il est malléable au point que chacun peut se l’approprier sans jamais le trahir. Le travail du conteur est un travail d’introspection. Ce n’est pas pour rien que le conte devient un outil de plus en plus courant en psychologie. Il nous interroge sur ce que nous sommes vraiment, ce que nous désirons profondément, il questionne nos valeurs, notre ego...