Le Centre méditerranéen de littérature orale d’Alès lance un Laboratoire critique : chacun est invité à rejoindre le groupe pour y apporter son regard sur des Spectacles de contes et ainsi nourrir le débat !
Véronique Aguilar ouvre le bal avec ce texte sur un Spectacle de Françoise Barret proposé en Avignon en 2014
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Gilgamesh par Françoise Barret Festival OFF 2014 la Maison de la Parole. 21/07/2014 à 14h45
Le festival Off d’Avignon en quelques chiffres (de 2013) : 1250 Spectacles, 30 000 représentations, 1066 compagnies, plus d’un million de billets vendus. Dans ces 1250 Spectacles moins de 5% sont dédiés au conte.
En 2014, sous l’intitulé Gens de paroles, artistes conteurs et conteuses ont créé un dépliant commun (10 Spectacles étaient représentés) pour tenter de se faire une place dans cette vitrine géante, où le théâtre est roi.
Gilgamesh est une épopée qui remonte au III ème siècle avant JC. Un jeune roi tyrannique part à la recherche de l’immortalité. Cette épopée fut beaucoup racontée, puis consignée sur des tablettes d’argile, pour finir par être oubliée. Retrouvée au XIX ème siècle, elle devient une véritable source d’inspiration à partir des années 1970-1980. Aujourd’hui, elle a alimenté les supers héros, les romans de sciences fictions, les BD, le cinéma, les séries TV, et les jeux vidéo comme Final Fantasy.
Choisir de présenter cette épopée en Avignon, apparait comme un choix judicieux
pour se faire remarquer du public. De plus, proposer une version contée, proche d’une version ancienne donne aux spectateurs une impression de « retour aux sources ».
Par contre, Françoise Barret en 3 clics, ne nous permet de comprendre ni ses choix, ni son parcours, et encore moins sa démarche artistique. En effet l’identité artistique d’un artiste conteur et sa démarche permettent de mieux connaître ses choix. Ce que nous savons de Françoise : elle fait partie d’une compagnie et vient du théâtre.
L’artiste conteuse arrive sur la petite scène de la Maison de la Parole avec son Hang, qu’elle pose sur un trépied en fer forgé d’art, évoquant un arbre calciné par le temps qui plante parfaitement le décor. Son costume, créé par Laurence Simon-Perret est très sobre, élégant, couleur sable, ne mettant pas en valeur ses formes féminines. Il évoque les habits des samouraïs, et invite le spectateur à accueillir l’épopée.
D’une voix claire, au rythme soutenu, l’épopée s’amorce. Les personnages sont taillés en biseau, de cette oblique qui permet d’enserrer la forme. Le déplacement du corps est précis, mis en scène par Jean-Louis Gonfalone. Les batailles font rage, et pourtant l’artiste ne bouge pratiquement pas, évoluant dans un espace minimal de la scène de 4m sur 3 du lieu. Cette scène devient alors un écrin pour que Gilgamesh vive ses excès, ces gloires, ses défaites.
Les va-et-vient au Hang en voix chantée permettent un repos dans l’écoute. Et puis pour figurer l’immortel Utanapisti, Françoise Barret met un masque, crée par Francis Debeyre, et se permet tel un joker, de jouer de tout, même de faire allusion à notre monde contemporain.
Avec ce Spectacle, l’artiste conteuse a relevé le défi du festival d’Avignon, elle a fait salle pleine à chaque représentation, le public a été au rendez-vous.
Véronique Aguilar
Artiste conteuse