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Le sac d’argent

Par Bruno de la Salle


Un homme et une femme avaient trois petits garçons. Ils étaient bien pauvres et malheureux. La mère dit au plus âgé de ses enfants :

– Va chercher ton pain, car ici nous mourrons de faim.

L’aîné partit et rencontra sur sa route un home qui lui demanda :

– Où vas-tu, mon petit garçon ?

– Chercher mon pain.

– Veux-tu porter une lettre au Père Eternel qui est dans le Paradis ? Je te donnerai un sac d’argent.

– Je veux bien.

– Voilà la lettre.

– Et l’argent ?

– Le voici.

– Par où faut-il passer pour y aller ?

– Suis ce chemin là.

Le garçon se remit en route, bien chargé de ce sac d’argent et de la lettre. Un peu plus loin, il arriva à une rivière. Comment passer ?

– Bah !, se dit-il, je me débarrasserai de la lettre, il n’en saura rien.

Il jeta la lettre à la rivière, et revint chez les siens :

– Maman, nous sommes riches, voilà un sac d’argent.

– Qui te l’a donné ? interrogea sa mère.

– Un homme que j’ai rencontré.

Mais il ne parla pas de la lettre.

Son frère cadet voulut aussi gagner sa vie. Il fit la même rencontre et agit tout comme son frère aîné. Sa mère fut encore plus surprise, mais lui non plus ne dit mot de la lettre.

Le jeune voulut partir à son tour.

– Non, mon petit, dit la mère, ce serait offenser le Bon dieu.

Mais il insista tant qu’il partit. Lui aussi rencontra sur sa route l’homme qui avait une lettre à faire porter au Père éternel.

– Voilà la lettre et le sac d’argent.

Mais le garçon répondit :

– Vous me donnerez l’argent à mon retour.

– Tu as raison mon enfant, tiens, monte par ce chemin, va devant toi.

Il partit et trouva, lui aussi, la rivière qui lui barrait la route.

– Ah comment passer ? se demanda t’il.

Alors il se met à prier Dieu, et l’eau se partage en deux, il se fait une petite sente, et il passe.

Il marche et trouve une autre rivière, blanche comme du lait ; pris de peur il se remet à genoux, prie encore, il se forme à nouveau une petite sente, et il passe.

Il marche toujours droit devant lui, quand pour la troisième fois une rivière l’arrête, rouge comme du sang.

Cette fois-ci il a vraiment peur : qu’est-ce que cela peut vouloir dire ?

Et comment passer ?

Il s’agenouille à nouveau, prie le Bon dieu, et la petite sente se reforme encore.

Il passe, traverse trous, marnières, broussailles, montagnes et vallées, n’ayant tout juste que sa petite sente pour avancer.

Tout à coup il aperçoit deux flammes de feu qui s’entrebattent là, sur la sente même. Il se met à genoux et prie ; les flammes se séparent, le chemin est libre.

Puis il arrive au faîte d’une montagne de laquelle il voit un admirable jardin fleuri.

Il y entre, le traverse, et est frappé par deux roses, de chaque côté du chemin, bien plus belles que les autres. Il les cueille et en met une dans chaque poche.

Au bout du jardin, il ouvre une barrière qui semblait en or et se trouve près d’un château magnifique, si brillant qu’il en faisait mal aux yeux.

– C’est bien quelque part par ici que doit être le Père Eternel, se dit-il ; et il cogne à la porte.

– Qui est là ? demande une voix de l’intérieur.

– Un petit garçon qui apporte une lettre au Père Eternel qui est dans le Paradis.

On ouvre la porte – et il reconnaît l’homme qui lui a donné la commission !

– C’est donc vous le Père Eternel ?

– Oui, et tu as fait beaucoup de chemin.

– Oui, mon Dieu, je vous ai bien offensé.

– Conte-moi ce que tu as vu.

– Après vous avoir quitté, j’ai rencontré une rivière, j’étais bien embarrassé pour passer, je vous ai prié, ça m’a fait une sente et j’ai passé.

– Bien, mon enfant. Sais-tu ce qu’était cette rivière ?

– Non, mon Bon Dieu.

– Eh bien, quand tu l’as eu passée, tu n’étais plus au monde. C’est la séparation du ciel d’avec la terre. Et après ?

– Plus loin, j’ai trouvé une autre rivière, blanche comme du lait.

– C’était le lait de la Sainte Vierge, dont elle nourrissait Notre Seigneur Jésus-Christ qui vous a sauvés.

– Si j’l’avais su, j’en aurai bu un coup.

– Et plus loin ?

– J’ai trouvé une autre rivière, toute rouge comme du sang.

– C’était le sang de Notre Seigneur Jésus Christ qui a été répandu sur la terre pour sauver tous ceux qui le servent.

– Ah si j’avais su je me serais lavé dedans.

Et plus loin ?

– Dans des trous, des marnières, des broussailles, je suivais ma petite sente.

– Et plus loin ?

– J’ai bien eu peur, deux flammes de feu s’entrebattaient. Je vous ai prié.

– Sais-tu ce que c’était ?

– Non

– C’était tes deux frères qui s’entrebattaient, ils sont en enfer.

– Ah que ça me fait de la peine !

– Ne te désole pas. Je leur avais donné la lettre et un sac d’argent, ils ont pris le sac d’argent, mais ils ont jeté la lettre. Et ensuite ?

– Je suis monté au fait d’une montagne. J’ai vu votre jardin, sans doute, bien fleuri.

– Sais-tu ce que c’est ?

– Non.

– C’est le purgatoire.

– Mais mon Dieu, là je vous ai offensé ;

– Qu’as-tu donc fait ?

– Il y avait deux roses qui me plaisaient plus que les autres, je les ai cueillies et mises dans mes poches.

– Eh bien c’est ton père et ta mère qui sont dans le purgatoire. Tu les emportes avec toi. Entrez tous les trois dans le paradis.

Collecte Millien-Delarue, Conte type AT 471, recueilli auprès de Marie Chollet Rencontre des peuples dans le conte(Editions multilingue allemand, français, anglais Aschendorff Münster par Marie Louise Tenèze et Georg Hüllen, 1961.



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